Le centenaire du général Gallois
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Par KOMNEN BECIROVIC:
Ce 29 juin 2011, le général Gallois aurait eu cent ans. Il ne lui eût manqué que quelques dix mois pour gravir ce sommet de l’existence que peu d'humains atteignent, avant de basculer dans l’au-delà, que ce soit la vie éternelle ou le néant. De sorte que nous, ses amis, ses disciples, ses admirateurs, ne célébrerons pas cette année son anniversaire, comme nous l’avions fait pendant plus de trois lustres depuis que j’ai eu la chance de le connaître, de bénéficier de sa pensée rayonnante, de son amitié, de son indéfectible soutien moral dans les épreuves que traversait mon peuple. Il aura été pendant de nombreuses années le patriarche de la juste cause serbe dans un Occident fourvoyé, ayant fait sienne la cause des ennemis héréditaires des Serbes.
Face à l’inconscience, à l’injustice, au mensonge et au crime qui, en tant que moyens politiques, sévissaient de par le monde au cours de la dernière décennie du XXème et qui n’ont cessé de le faire durant cette première décade du XXIème siècle, Pierre-Marie Gallois réagissait en homme de conscience, de justice et de vérité, bravant le conformisme et la pensée unique ambiants. Il est certain qu’il eût été aujourd’hui du côté du peuple libyen meurtri, comme il avait été hier du côté des peuples serbe et irakien frappés du même mal à cette différence près que les fauteurs du mal assouvissaient en Irak, comme aujourd'hui en Libye, leur soif de sang du pétrole, pour reprendre le titre de son célèbre ouvrage, paru en deux tomes aux éditions L’Age d’Homme en 1996, mais qui continue de se révéler tristement prophétique. Si bien qu’il n’aurait sans doute vu dans le fameux printemps arabe qu’une gigantesque machination destinée à déstabiliser cette partie du monde, en créant les conditions du chaos, afin de promouvoir des intérêts qui évidemment ne sauraient avoir rien de commun avec l’instauration de régimes démocratiques tant mise en avant. Et la meilleure preuve en est que le régime arabe le plus rétrograde, est demeuré à l’abri de ces turbulences.
La débandade de l’Otan en Afghanistan, annoncée sous forme de retraite progressive dans l’honneur par le président Obama et saluée par ses consorts européens qui encore récemment juraient qu’ils y combattraient les talibans tant que la démocratie et les droits de l’homme n'en auraient pas triomphé, ne l’eût point étonné, puisque dès le début, l’inévitable fiasco afghan, tout comme le désastre irakien, constituaient pour cet analyste lucide des événements du monde, des évidences. Toutes ces innombrables victimes, toutes ces destructions accompagnées de pollution de l’environnement, toutes ces haines générées à juste titre par des campagnes militaires nullement nécessaires, toutes ces sommes faramineuses dilapidées, pour aboutir à un constat d’échec! Quelle cohorte d’irresponsables tient en grande partie entre ses mains le sort de la planète!
Aussi, le fait que la tour de Babel européiste avec l’astronomique dette grecque, se mit à vaciller sur ses bases, ne l’aurait pas du tout surpris, son édification reposant sur le crime allemand contre la Yougoslavie et sur la trahison des Serbes par leurs alliés des deux guerres mondiales, qu’il avait fustigés l’un et l’autre, sur l’abolition de la souveraineté et de l'identité des nations, sur l’obédience vis-à-vis des Etats-Unis qui entraînent l’Europe dans des guerres qui ne sont pas les siennes, sur la coûteuse bureaucratie bruxelloise, sur le dépérissement des économies nationales, suite à l’instauration du libre-échangisme mondialiste et à l’inondation du marché européen par des produits asiatiques, en premier lieu chinois, beaucoup plus avantageux pour des masses en proie à la paupérisation galopante.
Cependant, un événement l’aurait profondément affecté: l’arrestation, il y a un mois en Serbie, de son ami le général Ratko Mladic, et son transfert au tribunal de La Haye pour l’ex-Yougoslavie, qu’il n’avait cessé, avec nombre de personnalités à travers le monde, de dénoncer comme une institution arbitraire principalement antiserbe, créée à l’initiative de Madeleine Albright en 1993, alors ambassadrice américaine au Conseil de sécurité, plus tard fauteuse de guerre aux Serbes, puisque c’est elle qui fut la principale instigatrice de l’agression criminelle de l’Otan contre la Serbie, en 1999. Bombing Albright, comme l’appelait le Général. Il était au fait des événements de Bosnie, à plus forte raison qu’il s’y était rendu à deux reprises, et qu’il avait consulté des auteurs véridiques sur l’affaire de Srebrenica, tels que Edward S. Herman et Alexander Dorin, qui ont consacré des années de recherche à Srebrenica, d’une part.
D’autre part, notre revue BI (anciennement Balkans-Infos) avec Louis Dalmas en tête, et dont le Général était l’un des fondateurs, avait édité deux ouvrages, Le Dossier caché du « génocide » de Srebrenica et Ratko Mladic, criminel ou héros, en fait le condensé d’un gros volume en anglais Ratko Mladic Tragic Hero par Milo Yelesiyevich, publié par Unwritten History à New York, en 2006. Aussi il existait des témoignages plutôt probants émanant de responsables militaires et civils de l’ONU en poste en Bosnie durant la guerre, notamment des généraux Lewis MacKenzie, Michael Rose, Philippe Morillon, et des fonctionnaires David Owen, Philippe Corwin, Carlos Martins Branco, témoignages qu’ils ont relatés dans leurs écrits, si bien que le général Gallois ne croyait point à la version fausse, créée et développée par les médias afin de se disculper et, du même coup, de blanchir les politiciens, de leur rôle néfaste commun dans la tragédie bosniaque.
Il alla un jour, lorsque Mladic fut obligé de passer dans la clandestinité, jusqu’à me dire: «Mais je suis prêt à l’accueillir chez moi.» Telles étaient sa constance, sa fidélité, sa droiture morale. Du reste, il faut lire les pages louables que le général Gallois a consacrées au général Mladic dans ses mémoires intitulés Le Sablier du siècle, publiés par L’Age d’Homme en 1999, ainsi que dans l’opuscule De l’honneur militaire à l’horreur politique, où il raconte comment le général Mladic accéda de façon chevaleresque à sa demande de libérer les deux pilotes français dont l'avion avait été abattu par les Serbes de Bosnie lors du bombardement de ces derniers par l’Otan, au début de l'automne 1995. Une mission réussie que d’autres, notamment un oligarque russo-israélien, Arcadi Gaydamak, et l’ancien préfet du Var, Jean-Charles Marchiani, tentèrent de s'approprier bien lucrativement avec l'assentiment du président Chirac, et y parvinrent, avant que l’imposture n’éclate grâce aux révélations faites précisément par le général Gallois.
Puisque la comparution du général Mladic devant le tribunal de La Haye va avoir lieu ces jours-ci, il est de plus utile de signaler le récent ouvrage collectif de près de 300 pages, sous le titre The Srebrenica Massacre édité par Edward S. Herman, qui vient d’être diffusé intégralement sur Internet. Toute la fable d’après laquelle l’armée du général Mladic se serait livrée à un crime gratuit d’exécution massive lors de la prise de Srebrenica en juillet 1995, allant jusqu’ à fusiller 8000 innocents civils bosniaques, se trouve entièrement démolie. Il en ressort également que ces prétendus civils étaient en fait des soldats en armes qui, sous le commandement de leur chef, le redoutable Naser Oric, s’étaient livrés aux crimes les plus monstrueux sur la population serbe de Srebrenica et des régions limitrophes. Les victimes musulmanes, dont le nombre est plusieurs fois inférieur à celui répété à outrance par la gent politico-médiatique, s’expliquent tout simplement, comme l’a souligné le général Morillon à plusieurs reprises, par la vengeance serbe, sinon par un juste retour des choses.
N’empêche que Naser Oric, malgré les témoignages les plus accablants venant aussi bien de la part des représentants de l’ONU que de la part des Serbes et même de certains musulmans locaux, a été acquitté par l’inquisition antiserbe de La Haye! Alors que le général Mladic, qui avec son peuple ne faisait que mener le combat de l’autodéfense la plus légitime, est poursuivi avec un acharnement pathologique qui va jusqu’à conditionner l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne à la mise aux fers de Mladic! Hélas, le gouvernement serbe s’est exécuté!
Me voici fort à propos, ou plutôt providentiellement, le général Gallois étant dans l’absolu, amené à traiter du général Mladic en écrivant sur le général Gallois, ce qui ne pourrait que faire se réjouir l’ombre magnanime de celui-ci. Tant il est vrai que, par ce sujet et d’autres thèmes abordés, le grand absent continue à être présent parmi nous, ses fidèles, et que notre dialogue se perpétue par-delà le temps imparti aux humains.
Paris, le 29 juin 2011.
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Liberal corporative capitalism, for reasons of lowering traveling costs, proposed not to travel to history alone but packed togather with NATO, EU and unipollar World Order. Workers participation has good chances to step in provisionally, buying time for full scale workers selfmanagment. |